« Il faut qu’on mise davantage sur la compétence avant de juger les gens ». La sagesse est de Walid Regragui, sélectionneur du Maroc, qui défendait l’expertise africaine. Il y a un mois seulement, ses mots seraient au niveau des piaillements d’un moineau. Mais aujourd’hui, il oblige le monde de l’écouter et de bien considérer son propos. Walid Regragui se prononçait d’ailleurs lors de la conférence de presse avant le match qui oppose sa sélection marocaine aux Portugais, en quarts de finale de la Coupe de monde 2022. Un passage historique réussi en grande partie par son intelligence tactique et ses choix stratégiques qui ont eu raison de la talentueuse et flamboyante équipe d’Espagne.
Inconnu du prestigieux bataillon, le technicien de 47 ans n’a émargé que dans de moindres écuries du foot. Après un bref passage en 2012 comme adjoint de Rachid Taoussi sur le banc de la sélection marocaine, Regragui manage des clubs locaux et s’étoffe de beau palmarès (rétablit le club Fath Union Sports et lui donne la Coupe du Maroc en 2014). Il va ensuite remporter ensuite le championnat qatari en 2021 avec Al Duhail, terre où son talent est reconnu et où il accomplit l’exploit inédit de qualification du Maroc dans le huit majeur du monde. L’ancien latéral droit de l’Ac Ajaccio de Roland Courbis (2001-2004), formé par Rudi Garcia, est un fin observateur qui sait apprendre des petites lignes. Tout comme il trace méticuleusement les moments de ses matches, il se montre disposé aux sciences du jeu. « Dans ce métier, on n’invente rien, on reproduit ce que les autres font en essayant d’apporter sa touche personnelle. Je suis allé voir Rudi Garcia quand il exerçait à la Roma, pour observer comment il travaille. Je me suis inspiré de Courbis pour mes causeries, du temps passé avec Giresse, Nouzaret, Bijotat, etc. », confie Regragui sur son idée et ses références.
Cette touche personnelle, c’est le jeu audacieux qui rugit sur l’adversaire, quelles que soient sa puissance et sa taille, avec de bonnes qualités offensives qui vont en verticale. Ce même jeu qui a usé et abusé des Espagnols qui n’ont pas réussi à réviser leurs convictions durant la rencontre. Regragui est aussi notable pour sa passion du travail, son obsession des détails et sa rigueur. Pour couronner le tout, c’est un rêveur. Sans rêve, on n’atteint pas un certain niveau, conçoit-il. Aujourd’hui, il tentera de prolonger la joie onirique en éliminant la Seleçao de Cristiano Ronaldo.
